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TITRE

Par Fabrice Lauterjung

Essai publié dans le n°78 de la revue Zérodeux, 2016

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Si le terme cinéma a longtemps été associé à un support de fixation exclusif (la pellicule), un lieu  attitré (la salle de cinéma) et des modalités de présentation invariables (une projection unique sur un unique écran, devant lequel les spectateurs sont assis dans la pénombre, après être arrivés au début du film pour en repartir à la fin), une observation élargie de son histoire rend ces mêmes associations incomplètes et même partiellement erronées. Par sa protohistoire faite de lanternes magiques, de jouets optiques, de chronophotographies ; par les innombrables trouvailles disséminées parmi les 1422 « vues » tournées par les frères Lumière et leurs opérateurs – qui d’emblée inventent une mise en scène induisant la construction d’un récit par une maîtrise du temps (imposée par la longueur de la pellicule) et de l’espace (que supposent le cadrage et la profondeur de champ), qui inventent le travelling, le panoramique, les premiers trucages, le film publicitaire autant que le film de famille, le documentaire et la fiction, et même le remake (1) ; par les expérimentations que furent les projections circulaires – dont le photorama, de Louis Lumière encore, mais aussi le cinéorama de Raoul Grimoin-Sanson, la polyvision d’Abel Gance, l’accompagnement sonore des musiciens, bruiteurs ou bonimenteurs ; par les évolutions techniques qui l’ont traversé – de l’apparition de la parole à celle de la couleur, des écrans toujours plus larges aux tentatives stéréoscopiques ; par ce qui le désigne comme un art « expérimental » soit « une pratique qui interroge le support dans tout son spectre : sa matérialité, les conditions de production des images, leur articulation (s’éloignant des formes narratives classiques), la distribution et la projection des films […] une pratique artistique qui s’inscrit à la croisée des arts plastiques et du cinéma dominant. Ni l’un ni l’autre, mais l’un et l’autre (2) » : par tout cela, le cinéma aura fait la démonstration de sa dimension composite. De cet art à la croisée de tant d’autres, certains artistes ont bâti leur œuvre. Parmi eux, trois Canadiens : Michael Snow, Mark Lewis et Stan Douglas.
 

 

 


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